À la veille des événements stratégiques qui auront lieu au Maroc, le groupe bancaire britannique Standard Chartered a manifesté son intérêt à s'implanter dans le royaume. On vous explique...
Alors que le secteur bancaire marocain affiche une résilience notable face aux chocs exogènes, notamment ceux qui ont frappé l'économie mondiale, il devient progressivement un point d'ancrage stratégique pour des acteurs financiers internationaux en quête d'expansion.
Deux annonces récentes viennent confirmer cette dynamique : l'arrivée prochaine d'Access Bank, première banque nigériane en termes d'actifs, et l'intérêt marqué de Standard Chartered, groupe britannique de renommée mondiale.
« Tout comme nous avons élargi notre présence en Egypte avec une banque à part entière, nous étudions un ou deux autres pays, dont le Maroc », a déclaré mardi 8 avril à Bloomberg Chris Egberink, PDG et responsable des activités bancaires et de couverture de Standard Chartered Afrique du Sud.
Il faut d'ailleurs rappeler que ces derniers mois, le groupe financier britannique avait vendu au Nigérian Access Bank ses filiales en Angola, Cameroun, Gambie, Sierra Leone et Tanzanie.
Aujourd'hui, il est clair que ce double mouvement n'est pas anodin : il s'inscrit dans une reconfiguration plus large du paysage financier africain, où le Maroc apparaît de plus en plus comme une tête de pont vers l'Afrique subsaharienne, mais aussi comme une plateforme de rayonnement vers l'Europe et le Moyen-Orient.
« Dans le marché bancaire, il y a de la place pour tout le monde. On a des banques arabes, des banques américaines... On est dans un marché ouvert », nous confie Abdelmalek Benabdeljalil, vice-président de BMCE Capital.
Sur la trace d'Access Bank
« D'entrée, il faut dire que cette opération peut se faire de deux manières : la banque nigériane demande directement l'agrément à la Banque centrale — agrément, bien entendu, délivré par le ministère des Finances à la Banque centrale — ou la banque décide de passer par le rachat d'une banque locale. Dans ce cas précis également, la Banque centrale devra étudier le dossier et délivrer un agrément », explique l'expert.
Contacté par Challenge, l'économiste Adnane Bencherkroune semble d'un autre avis : « Depuis plusieurs années, on attend la venue d'autres banques. Je pense que le processus n'est pas aussi simple et que c'est une question d'arbitrage complexe, puisqu'il y a un enjeu de souveraineté. »
« Le calendrier de l'expansion prévue dépendra des approbations réglementaires et de l'intérêt des clients », a confié à Bloomberg Chris Egberink.
Il faut cependant admettre que l'entrée de ces géants étrangers n'est pas uniquement une opération de présence symbolique ; elle répond à des logiques d'ancrage économique profond, dans un pays où les fondamentaux macroéconomiques restent solides, malgré un contexte mondial incertain.
Pour Access Bank, déjà présente dans 20 pays, le Maroc représente une nouvelle étape dans sa stratégie d'intégration régionale. Quant à Standard Chartered, son intérêt pour le Royaume s'explique par les grandes échéances économiques à venir, notamment la Coupe du monde 2030, et par le potentiel de développement des secteurs verts, digitaux et logistiques. Le Maroc, par sa stabilité politique et son positionnement géographique, devient ainsi un terrain fertile pour les ambitions de ces institutions.
Une montée en puissance du hub financier marocain
Depuis plus d'une décennie, le Royaume mise sur la modernisation de son secteur financier, avec une supervision renforcée de Bank Al-Maghrib, des incitations à l'innovation fintech, et une ouverture progressive mais maîtrisée à l'international.
L'arrivée probable d'Access Bank et de Standard Chartered pourrait aussi dynamiser la concurrence locale et favoriser l'émergence de nouveaux services, notamment en matière de financement du commerce intra-africain, d'investissement vert ou d'inclusion financière.
Reste à voir comment les banques marocaines réagiront face à cette nouvelle donne, et si cette ouverture permettra réellement une montée en gamme de l'écosystème bancaire national.