Partager

Séville 2025 : L’AES affirme sa souveraineté et salue le rôle du Maroc dans le développement régional

4 juil. 2025 Maroc Diplomatique

La 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement du développement (FfD4), tenue à Séville du 30 juin au 3 juillet 2025, a été le théâtre d’un discours percutant qui a révélé les lignes de fracture profondes qui traversent l’Afrique sahélienne. 

Une vérité politique s’est imposée avec vigueur : la Confédération des États du Sahel (AES) ne veut plus se contenter de survivre en marge du système international. 

Elle veut décider, dénoncer, construire avec ceux qui la respectent, et malgré ceux qui la combattent, selon les termes du premier ministre malien.

Prenant la parole au nom des présidents du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le premier ministre malien, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a adressé un message ferme à l’assistance internationale. Sans jamais désigner un pays par son nom, il a évoqué un « terrorisme imposé » depuis une décennie par des puissances étrangères « clairement identifiées« .

Pour les dirigeants de l’AES, la lutte contre le terrorisme n’est pas seulement une guerre contre des groupuscules armés. C’est une bataille existentielle contre un système régional d’interférences, d’instrumentalisation et de duplicité. Et dans cette guerre, il y a ceux qui sapent et ceux qui soutiennent.

Le discours du Général Maïga, sans compromis, a dressé un constat alarmant : des infrastructures éducatives détruites, des centres de santé incendiés, des économies asphyxiées, et des populations civiles prises en otage. Ce chaos, selon lui, n’est pas le fruit du hasard. 

Il est alimenté par des « sponsors étatiques » qui, sous couvert de neutralité ou de lutte contre l’ingérence, abritent et soutiennent les ténèbres. Il n’est plus question de diplomatie de façade. L’AES veut reprendre le contrôle de son destin.

C’est dans cette optique que la création d’une Banque Confédérale d’Investissement et de Développement, dotée de 500 milliards de FCFA, a été annoncée. Un geste symbolique et concret à la fois, traduisant la volonté des États sahéliens de rompre avec les mécanismes financiers hérités de l’ordre colonial, et de bâtir des outils souverains, endogènes, et surtout, africains. 

L’appel à une réforme des institutions financières internationales s’inscrit dans la même logique : la fin du paternalisme, le début d’un partenariat d’égal à égal.

Le partenaire stratégique du développement sahélien

Mais cette volonté de reconstruction ne saurait se faire sans alliés. Et parmi ceux qui ont été salués publiquement à Séville, un nom est revenu avec insistance, celui de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Les ministres des Affaires étrangères de l’AES ont exprimé, dans une rare unanimité, leur profonde reconnaissance au souverain marocain. 

Une reconnaissance qui va bien au-delà de la simple diplomatie. Elle témoigne d’un respect sincère pour une vision africaine, pragmatique et inclusive. Le Maroc, dans ce contexte, s’impose comme un allié stratégique, discret mais déterminé, dont les actions sur le terrain parlent plus fort que les discours creux de certains voisins.

L’Initiative Royale Atlantique, visant à désenclaver les pays du Sahel en leur offrant un accès stratégique à l’océan Atlantique, a été décrite comme d’ »aubaine » pour les économies sahéliennes par le chef de la diplomatie nigérienne, M. Bakary Yaou Sangaré. 

Le ministre malien, M. Abdoulaye Diop, a quant à lui souligné que l’accès aux marchés internationaux constitue désormais un impératif sécuritaire. Car, dit-il, « il n’y aura pas de développement sans sécurité« , et l’un ne va jamais sans l’autre.

Le Maroc, fort de son expérience en matière de stabilité politique et de transformation économique, propose un modèle de coopération Sud-Sud qui répond aux attentes concrètes des pays africains. 

Qu’il s’agisse de la formation de cadres, de l’appui à l’industrialisation ou de l’intégration logistique, les projets marocains ont toujours été conçus avec et pour les pays bénéficiaires. 

Le ministre burkinabè, M. Karamoko Jean-Marie Traoré, a salué cette cohérence stratégique, en rappelant que les premiers projets intra-africains initiés par un pays africain ont vu le jour sous l’impulsion du Royaume.

Il faut également noter que l’intervention marocaine à Séville ne s’est pas limitée aux mots aimables. 

Une délégation de haut niveau a porté un plaidoyer en faveur d’un rééquilibrage global du financement du développement, pour que l’Afrique cesse d’être traitée comme un risque et soit enfin perçue comme une opportunité. 

Le message est clair : il est temps que la communauté internationale cesse de penser pour l’Afrique. Il est temps de penser avec elle.