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Paiement mobile: Reste à convaincre les commerçants... et les banques!

5 nov. 2019 L'Economiste

En pleine discussion du projet de loi de finances au Parlement, les fédérations sectorielles multiplient les opérations de lobbying pour faire aboutir leurs requêtes. Dans ce chapelet de doléances, les acteurs du paiement mobile espèrent se faire entendre et obtenir quelques incitations. L’enrôlement des petits commerçants est le passage obligé pour assurer l’essor des transactions via le téléphone portable.

Encore faut-il qu’ils en perçoivent la valeur ajoutée par rapport aux moyens existants, surtout le cash. La gestion de ce dernier a un coût significatif notamment pour les banques. D’où un focus du discours jusqu’ici sur la lutte contre le cash et peu sur les avantages du paiement mobile. Une communication mieux ficelée sera déployée prochainement.

Si le commerçant ne trouve pas un avantage dans l’usage de cette nouvelle solution, une partie de la chaîne restera grippée. «Il faudra instaurer des incitations pour que le commerçant adhère à ce nouveau moyen de paiement», relève l’un des pilotes du chantier du paiement mobile.

Parmi les requêtes transmises au ministère des Finances, il y a l’application d’un taux de TVA spécifique pour les achats réglés grâce au smartphone. Cela pourrait stimuler les usages. En complément, le secteur requiert un taux d’impôt sur les sociétés réduit pour la part du chiffre d’affaires qui transite par le mobile.

Par ailleurs, l’équipement des commerçants pourrait être en partie subventionné. Il existe déjà un vivier de commerçants (ceux équipés d’un TPE) qui sont susceptibles d’adopter la solution de paiement mobile. Pour ne pas bousculer les habitudes des commerçants, il y a l’idée de promouvoir un terminal multi-usage qui accepte le paiement par carte et par mobile. Il reste la partie commission qui est un sujet central.

«Il y a un consensus de place pour que les coûts soient les plus compétitifs possibles», assurent des sources proches du dossier. La commission d’interchange a été en conséquence plafonnée à 0,5%. En outre, les opérateurs télécoms vont appliquer des tarifs de gros pour les SMS, ce qui va en réduire le coût.  Au-delà des incitations, il y a surtout un travail immense de sensibilisation à effectuer auprès des commerçants pour les pousser à sortir de l’opacité.

Au 7 octobre, plus de 381.000 portefeuilles électroniques ont été déclarés au switch (m-wallets interopérables). En tout, dix-huit entreprises dont dix établissements de paiement ont passé avec succès les tests d’intégration et d’homologation. Parmi les  établissements de paiement, neuf ont homologué leur QR code pour l’acceptation des paiements auprès des commerçants et pour le transfert d’argent. Quelques transactions inter-opérées ont déjà été réalisées. Par contre, nul ne comprend le mutisme des opérateurs qui sont déjà prêts.