Le groupe parlementaire de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) veut acter sa rentrée économique à travers des rencontres régionales. Débat d’idées, doléances et recommandations ont ainsi marqué les deux premières escales des députés CGEM respectivement, à Fès et Meknès, jeudi dernier. L’Economiste revient sur les principales propositions de l’union régionale de Fès-Taza.
■ Première rencontre après 4 années d’exercice
Le 12 septembre dernier, les opérateurs fassis se sont donné rendez-vous dans un palace de la ville pour rencontrer les députés de la centrale patronale. Lassé des réunions stériles, le gotha économique de la capitale spirituelle ne perd pourtant pas espoir. Il veut fédérer et constituer un lobbying autour des intérêts d’une cité millénaire. «Nous espérons créer des passerelles entre le centre et les régions, avoir une voix au parlement qui défendrait au mieux les spécificités régionales», indique Mohamed Berrada Rkhami, président de la CGEM Fès-Taza. Et de poursuivre: «vivre à Fès n’est pas du tout un calvaire quoique Tanger et bien d’autres villes nous dépassent de loin… Notre souhait est que Fès figure aussi parmi les priorités». Berrada déplore toutefois que cette rencontre soit la première du genre alors que les représentants de la CGEM à la 2e Chambre sont élus depuis plus de 4 ans. A cet égard, Abdelilah Hifdi, président du groupe CGEM à la Chambre des conseillers, promet de rattraper le retard. «Nous voulons apporter notre pierre à l’édifice de la régionalisation avancée et du nouveau modèle de développement économique. Nous sommes là pour vous écouter et assurer une remontée d’information», précise Hifdi, également vice-président de la Commission de Justice, de Législation et des Droits de l’Homme.
■ La CGEM a fait les frais de la transhumance partisane
Pour son escale à Fès et Meknès, le président du groupe CGEM était accompagné des députés Abdelhamid Souiri, Larbi Laraich, et Youssef Mouhi. A noter que la Confédération est représentée par 7 députés à la 2e Chambre. Lesquels «sont tous SAP (sans appartenance politique) et agissent pour le bien-être des entreprises». Ces derniers regrettent toutefois la mainmise des partis politiques sur les représentants des chambres professionnelles qui dès leurs élections s’effritent en intégrant des formations politiques. «Nous dénonçons une manoeuvre malhonnête et une flagrante violation de la Constitution… En plus des 20 représentants des chambres professionnelles qui n’existent plus, la CGEM a elle aussi perdu 2 députés transhumant vers l’Istiqlal», estime Hifdi. Ceci étant, son équipe a participé à l’élaboration des lois sur les CRI, la formation professionnelle, le code du commerce…etc. Par ailleurs, son déplacement à Fès vise à mieux connaître les difficultés des entreprises afin de les défendre au sein de l’hémicycle. L’ambition étant de relancer l’activité économique de la région. Aussi, Hifdi a-t-il annoncé le lancement imminent d’une zone logistique de 100 ha à Ras El Ma. Ce projet fait partie d’un programme de 70 zones logistiques à travers le Royaume. Pour Fès, la première tranche qui s’étalera sur 32 ha pour des parcelles dédiées aux conteneurs, BTP et export. Le projet s’inscrit dans un schéma régional logistique qui prévoit des zones de ce genre à Meknès et Taza.
■ Pertes de change, Smig, veille juridique…
Etablir des habitudes pour rencontrer la base et instaurer des circuits d’informations entre le centre et les unions régionales figurent parmi les propositions des opérateurs de Fès. Pour l’un d’entre eux, opérant dans le domaine de l’artisanat, «le risque de change économique est lié à l’avenir de l’entreprise exportatrice qui subit des pertes à chaque variation du taux de change, d’où la demande d’une régulation adéquate pour l’entreprise d’artisanat». De son côté, Me Salim Bensaïd, avocat au Barreau de Fès, a interpellé les députés sur le rôle de la cellule de veille juridique de la CGEM qui devrait communiquer sur les projets de loi. Enfin, Khalid El Ajli, opérant dans le secteur des services a posé une question très pointue sur le Smig et la révision des prix des services. Si cette dernière reste autorisée par la loi, l’interprétation des travaux d’intérêt diffère d’un contrôleur d’Etat à un autre. «Résultat: l’entrée en vigueur de l’augmentation du Smig de 10% (5% x 2) nous met face à une difficulté majeure et des pertes de 7 à 8% sur des marges très minimes», conclut El Ajli.